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École Nationale de Lutherie de Mirecourt – Année 3 : Spécialisation et Entrée dans la Vie Professionnelle

La troisième et dernière année à Mirecourt est celle de la haute couture luthière : spécialisation, perfectionnement et préparation à l’insertion professionnelle. Les étudiants, désormais autonomes, choisissent une filière (fabrication d’instruments, restauration ou archeterie) et réalisent des projets d’envergure sous la tutelle de maîtres luthiers.

1. Choix de la filière et mentorat personnalisé

Dès la rentrée, l’élève opte pour son domaine d’excellence :

  • Fabrication d’instruments : réalisation d’un instrument sur mesure, intégralement pensé et fabriqué par l’étudiant.
  • Restauration : reprise complète d’un instrument ancien, de l’analyse scientifique du bois et du vernis jusqu’à la remise en état de jeu.
  • Archeterie : confection d’archets de haut de gamme, étude des variations de mèche, montage complexe de la hausse.

Un luthier référent assure un suivi hebdomadaire et oriente chaque apprenti dans ses choix de matériaux, de techniques et de finitions.

2. Projet tutoré : création d’un instrument d’exception

Le cœur de la troisième année est le projet tutoré, qui consiste à réaliser un instrument « catalogue » ou un instrument unique, destiné à être commercialisé ou exposé. L’étudiant gère tout le cycle :

  • Consultation client fictif ou réel (brief)
  • Choix du modèle (modèle Stradivarius, Guarneri, modèle original)
  • Gestion des approvisionnements (bois, vernis, accessoires)
  • Budget et délais sous contraintes professionnelles

Cette immersion dans le monde réel de la lutherie permet de comprendre la gestion d’un atelier, la communication avec les clients et la commercialisation des instruments.

3. Techniques avancées de restauration

Pour les restaurateurs, la troisième année approfondit les techniques d’analyse (Rayons X, spectrométrie infrarouge) afin d’identifier les interventions anciennes, l’âge du vernis et la nature des colles utilisées. Les étudiants pratiquent le démontage complet, la consolidation des fentes, la remise en état des vernis d’époque et le respect de l’intégrité patrimoniale de l’instrument.

4. Perfectionnement en archeterie

Les futurs archetiers réalisent des séries d’essais sur la mèche (toron, nombre de brins, tension), explorent l’utilisation de matériaux contemporains (fibres composites) et travaillent sur le design de la hausse. La maîtrise du galbe de la baguette, de l’équilibrage du poids et de la flexibilité de la mèche est essentielle pour créer un archet adapté à chaque instrument.

5. Vitrine et valorisation du savoir-faire

En fin d’année, l’école organise une exposition des « œuvres de fin d’études » : chaque élève présente son instrument ou son archet. Cet événement, ouvert aux musiciens, journalistes et acheteurs professionnels, est l’occasion de tester le marché, de recevoir des commandes et de nouer des contacts. Des articles dans la presse spécialisée relayent ces créations, renforçant la notoriété de Mirecourt.

6. Approche commerciale avancée et communication

La troisième année propose un module dédié à la stratégie de marque :

  • Création d’un logo ou d’une signature visuelle
  • Photographie professionnelle de l’instrument
  • Rédaction de fiches techniques et de plaquettes marketing
  • Présence sur les salons (Salon de la Lutherie de Crémone, conférences internationales)

L’élève apprend à mettre en valeur son travail, à négocier avec des orchestres et des institutions, et à gérer un site web ou un catalogue numérique.

7. Stage en atelier ou à l’étranger

Pour parfaire leur formation, les étudiants effectuent un stage de plusieurs semaines dans un atelier de renom en France ou en Europe (Crémone, Londres, New York). Cette expérience nourrit leur réseau professionnel et expose leur travail à de nouveaux publics.

8. Soutenance du mémoire technique

Chaque étudiant rédige un mémoire de 20 à 30 pages présentant :

  • Le dossier de conception (plans, photos, cahier des charges)
  • Les choix techniques et esthétiques
  • Les protocoles de tests acoustiques
  • Les perspectives d’évolution du métier

La soutenance devant un jury composé de luthiers experts et d’enseignants universitaires valide le diplôme national de l’École de Lutherie.

9. Diplôme et insertion professionnelle

À l’issue de la soutenance, l’École Nationale de Lutherie de Mirecourt délivre :

  • Un diplôme d’État (niveau Bac + 2 à Bac + 3 selon la spécialité)
  • Un certificat de maîtrise artisanale
  • L’accès recommandé à des commandes professionnelles ou la création d’atelier

La réputation de Mirecourt et le réseau des anciens élèves facilitent l’insertion : de nombreux diplômés deviennent chefs d’atelier, reprennent des maisons historiques ou créent leur propre marque.

10. Les clés d’une carrière durable

La troisième année ne se limite pas à la technique : elle transmet aussi les grandes valeurs de la lutherie :

  • L’éthique artisanale (respect du matériau, durabilité)
  • L’innovation raisonnée (intégration de nouvelles technologies sans sacrifier la tradition)
  • La passion du son et du geste
  • L’ouverture culturelle (collaboration avec d’autres métiers d’art)

Ces piliers forment des luthiers capables de pérenniser la tradition tout en répondant aux exigences contemporaines des musiciens et du marché.